Sur les chants des adultes ou des enfants de l’école primaire en fwaï, l’ambiance était à la fête dès 8 heures. Après l’accueil coutumier, le nouveau maire de Hienghène, Jean-Pierre Djaïwé, a brièvement retracé l’histoire de la commune, avec ses forces et les défis à relever en matière d’infrastructures. Il a aussi rappelé la genèse de ce projet, dont « la construction a été décidée par le conseil municipal en 2010 », pour un chantier qui « a duré un an et sept mois pour un coût total de 380 millions. »
Hommage. Le maire n’a pas manqué de souligner l’aspect haute qualité environnementale (HQE) de l’édifice, l’hommage rendu à Jean-Marie Tjibaou et de remercier tous les partenaires ainsi que son prédécesseur, Daniel Fisdiepas. Et de conclure ainsi son propos : « cette maison est notre maison à tous. Elle aura une oreille attentive à tous ceux qui passeront ici. Elle est la maison de nos jeunes. C’est pour eux que nous travaillons aujourd’hui. »
Dès la conception du projet, tout a été pensé pour être en phase avec le passé, la culture et le respect de l’environnement. Depuis les matériaux utilisés jusqu’aux œuvres exposées. Le pin colonnaire, symbole de liberté, planté en 1989 par Jean-Marie Tjibaou et le grand chef Goa, a été intégré à l’édifice, comme l’a souligné le haussaire, Albert Dupuy : « c’est un beau symbole que cet arbre, de l’avoir conservé et d’avoir conçu cette mairie devant et autour de cet arbre, signe d’espoir, de solidarité et de paix. » Une plaque commémorative a en outre été dévoilée à son pied par Marie-Claude Tjibaou, hier matin.
HQE. Juché en hauteur sur le site de l’ancienne mairie, le bâtiment a fière allure. C’est une réussite sur le plan architectural avec l’omniprésence du bois local et les façades en béton matricé qui rappellent les roches caractéristiques de la région (Poule, Sphinx, Lindéralique). Selon les élus locaux et concepteurs du projet, une démarche HQE aussi aboutie est une première dans le pays pour un bâtiment public.
A l’exception du local informatique et des archives, les climatiseurs électriques ont été bannis. Le confort hygrothermique de tous les bureaux est assuré naturellement (isolation, protection solaire, ventilation naturelle) et des briques de terre compressées assurent la régulation thermique. 8 000 de ces jolies briques, produites par un artisan de Ouayaguette, sont intégrées à toutes les cloisons intérieures. L’isolation sous toiture et sur les murs exposés au soleil est assurée par 850 m2 de ouate de cellulose. Une cuve de 18 000 litres stocke l’eau de pluie, utilisée pour les toilettes, l’arrosage et le bassin d’ornement.
Les citoyens semblent beaucoup aimer leur nouvelle mairie. « C’est magnifique. On a l’impression d’être dans la nature, il y a beaucoup d’espace », lâche Cécilia, de la tribu de Ouendjik. A quelques mètres de là, Simone, venue de Voh, s’exclame : « c’est une merveille, un bâtiment qui allie parfaitement tradition et modernité. » Le petit Maël, 10 ans, de Ouayaguette, est aussi conquis : « la mairie est jolie, grande et en bonne position au-dessus de la Poule. »